samedi 24 mars 2012

Nos critères de sélection des futurs maîtres



chiens loups de saarloos Canens Africae
Des Saarloos heureux

La décision d'accueillir un chien dans un foyer devrait toujours être longuement et mûrement réfléchie, et le passage à l'acte ne se faire qu'après s'être bien assuré que les conditions minimales requises sont remplies. 

Ce n'est malheureusement pas toujours le cas, pour preuve le nombre de chiens et de chats qui remplissent les boxes des SPA et des refuges. 

Les chiens-loups n'échappent pas à cette règle, et trop nombreux sont les tchèques, les saarloos, ou les croisés qui reviennent chez leur éleveur (dans le meilleur des cas), qui sont pris en charge par une association spécialisée ( cf LOU RAVI), ou qui vont grossir le nombre des chiens euthanasiés par la SPA car inadoptables (trop craintifs). 
En tant qu'éleveurs de saarloos,il est de notre responsabilité de sélectionner les familles qui désirent acquérir un chiot chez nous. L'idée est d'essayer de satisfaire au mieux les demandes qui nous sont faites, en assurant le bien être de l'animal. Pour ce faire, nous vérifions, avant d'accepter toute vente, que certains critères sont remplis par les futurs acheteurs. 
Parmi ces critères, certains sont obligatoires, d'autres très conseillés. Voici les plus importants : 

1 - Première condition : un autre chien dans la maison.
La vie en meute est nécessaire à l'équilibre psychologique du Saarloos, elle lui est essentielle, presque vitale (cf : l'instinct de meute du Saarloos et ses conséquences). Evidemment, sa famille humaine est sa meute, mais il a vraiment besoin qu'y soit intégrée une composante canine. Au demeurant, on ne peut faire l'économie d'un deuxième chien si on pense devoir laisser seul son saarloos. 
Une compagnie canine permettra de limiter les dégâts causés par la manie destructrice du chiot solitaire. Mais plus que tout, il permettra de préserver son équilibre psychologique : en effet, les crises d'angoisse générées par l'absence des maîtres sont très dommageables pour le mental du bébé (à trois mois, un chiot est encore un bébé), surtout si elles se répètent. Elles pourront alors causer des dommages irréversibles, et engager la vie sociale de l'animal (chien hyper peureux, inconstant, incapable de gérer la moindre situation nouvelle). 
Le saarloos est un chien éminemment social, qui maîtrise à fond les codes de la meute et qui excelle  dans les rapports hiérarchiques. Tous les chiens bien sûr, en dignes descendants du loup, possèdent cette caractéristique à des degrés différents, mais chez le saarloos elle est poussée à l'extrême. Un autre chien au sein du foyer lui permettra de s'épanouir.

2 - La deuxième condition sine qua non est bien sûr de vivre en maison avec jardin. Des saarloos  vivent en appartement, et nous avons connaissance d'au moins une expérience de ce type réussie. Mais c'est l'exception qui confirme la règle. Vivre en appartement avec un saarloos, c'est se condamner à quelques mois d'enfer, qui s'achèveront par la séparation d'avec le chien. Dans la très grande majorité des cas, l'échec est assuré. 
Un saarloos en appartement, c'est au moins trois mois, peut-être six, de pipis-cacas sur le tapis du salon, à l'entrée de la porte de la cuisine, ou partout où ce sera le plus pénible. 
C'est aussi la destruction de tout ce qui lui tombera sous la dent à la moindre absence, au moins jusqu'à l'âge adulte. Tout y passera, de la table du salon au téléphone, de la brosse à dent au paquet de lessive. 
 Avec un jardin, les choses sont beaucoup plus simples, à condition qu'il soit clos. 
Pour la propreté tout d'abord : même si des accidents ont lieu jusque tard, au moins les déjections qui seront faites dehors durant les heures de jeu du chien ne le seront pas sur le tapis, ce qui facilite grandement les relations homme/chien. Par ailleurs, l'apprentissage de la propreté se trouve grandement facilité s'il y a juste une porte à ouvrir pour mettre le chiot dehors au moment où il commence à s'agiter (en général, le temps de trouver la laisse, il est trop tard).
Pour les absences ensuite : il n'y a rien à détruire dans le jardin, et au pire un parc ou un chenil feront l'affaire, où il sera enfermé avec son/ses compagnons canins pour un maximum de quelques heures. 

3 - Troisième condition : la connaissance de la race, même théorique (il faut bien commencer un jour), et la prise en compte de tous les inconvénients posés par l'adoption d'un saarloos. Pour ce faire, nous recommandons vivement  aux futurs maîtres de nos chiots de lire une série d'articles parus dans la presse spécialisée, de fréquenter les forums consacrés aux chiens-loups sur internet, de voir les chiens en exposition et de discuter avec les maîtres, bref, de prendre un maximum d'informations sur la race partout où elles sont disponibles, pour se forger une vision globale de la race. Lors de nos différentes rencontres, nous nous assurons que tous les points, mais surtout les plus négatifs, sont bien enregistrés (forte probabilité d'une propreté tardive, instinct de chasse très fort, etc.)

4 - Bien que le quatrième point ne soit pas obligatoire, il est fortement recommandé : nous demandons au futurs acheteurs de se rapprocher d'une école du chiot, et de s'y inscrire dès l'arrivée de l'animal à la maison. 
Il y a des cas ou cela n'est pas possible : dans certaines régions moins peuplées, il est parfois difficile de trouver un club canin qui propose ce service. 
Ce cas de figure mis à part, nous insistons énormément pour que ces cours soit suivis, et en général avec d'excellents résultats. Les rares échec rencontrés sont liés à des méthodes éducatives à l'ancienne. 

Nous nous appuyons toujours sur ces quatre points avant de placer nos chiots. Ils sont pour nous capitaux, et nous permettent de réduire considérablement les risques d'abandon futurs. 
Trop nombreux encore sont les saarloos  abandonnés par des maîtres dépassés par les fugues ou le côté destructeur de leur chien, par leur incapacité à se faire obéir, etc.

4 commentaires:

  1. Très bon récapitulatif.
    Je me renseigne depuis plusieurs temps sur le Chien Loup de Saarloos et Tchécoslovaque, et je sais, après maintes articles lu de propriétaire etc. que cette race n'est, hélas, pas faite pour moi. Néanmoins je reste admirative et aime beaucoup en voir lors des expositions etc. Il faut savoir renoncer à ses "envies" pour le bien être de chacun.

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  2. Juste un « petit mot » pour étayer ce sujet avec ma toute récente expérience, encore naissante de propriétaire de Saarloos…
    Je me permets de revenir sur les conditions d’accueil nécessaires au bon déroulement de l’arrivée d’un Saarloos dans une famille.

    Pour ce qui est du point numéro 1, je rejoins parfaitement Seb et Nico sur ce point, c’est la nécessité ABSOLUE qu’il y ait déjà un autre chien dans la maison.
    En effet, j’ai Inox à la maison, un chiot de 3 mois ½ maintenant à la maison depuis 1 mois, et Flamme ma berger blanc suisse de 2 ans ½, heureusement très bien dans ses patounes, est une aide dans son éducation dont je ne saurais plus me passer…
    Dans chaque moment de stress ou de découverte d’environnements inhabituels (balades en ville, visite d’amis à la maison, sortie en « foule »…) c’est vers elle qu’il se tourne, ne serait-ce que pour lui jeter juste un tout petit regard furtif, mesurer sa réaction à elle et adapter son comportement en conséquence…
    Elle le rassure à sa façon, à leur façon, quand il faut rester sagement dans le chenil, et dans toutes les situations de la vie de tous les jours, chez le vétérinaire, dans la voiture…
    C’est un véritable complément à nos efforts de sociabilisation que nous pouvons faire, nous, humains pour nos Saarloos, pour les adapter à notre vie, mais avec leur propre langage, et leurs propres codes.
    Et quel bonheur de voir une telle complicité s’installer entre eux…

    Le point numéro 2 me semble évidemment tout aussi essentiel ! ne serait-ce que pour apprendre la propreté à un chiot, sans avoir d’étages à descendre pour lui montrer où il doit aller pour faire ses besoins…
    Nous avons construit un chenil dans notre jardin, alors qu’il y a encore quelques mois de ca jamais je n’aurais accepté de faire vivre mes chiens « là dedans » ! Mais malheureusement j’ai perdu une chienne dans un tragique accident suite à sa fuite de la maison, en journée, alors que les 2 étaient dans le jardin clôturé, et depuis cette peur me hante… le chenil est une alternative parfaite à mon sens puisqu’il permet au chien d’être dehors (j’ai également une possibilité pour les miens de rentrer à l’intérieur d’un grange pour se protéger) et de surveiller les allées et venues des voisins (pour ma berger blanc suisse) et de se sentir chez lui, à l’abri et protégé (pour mon petit Saarloos …) et à nous, humains de partir sereins, sacahnt que nous allons les retrouver sains et saufs en rentrant. et au moins, pas de risques de destructions dans la maison ni d'accident de chien qui ingurgite ce qu'il ne faut pas... C’est également leur endroit pour manger, et habitué tout petit, aucun souci pour le Saarloos d’y rester la journée ! (se référer au point numéro 1 pour la présence d’un autre chien dans ce cas là…)

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  3. La 3ème condition est tout aussi nécessaire que les 2 premières ! Malgré de nombreuses heures de lectures sur le comportement canin, d’observation de chiens en tous genres, au club ou en dehors, Saarloos, bergers blancs ou autres, jusqu’à en devenir une passion dévorante (ne pas demander à mon mari ce qu’il en pense…) en quelques semaines mon Inox a trouvé le moyen de me montrer qu’il n’est pas tout à fait un chien comme les autres… un exemple concret : la semaine dernière : Inox était sur le canapé avec son os, j’ai voulu le faire descendre et il m’a grognée dessus, je lui ai dit non ! en le prenant par le cou (réflexe de maitresse de chiens dits « classiques ») et il m’a pincée au bras… j’ai insisté, fâchée sur le coup, en lui demandant de descendre il s’est mis sur le dos, et là, une lueur lui a traversé les yeux, une peur panique qui s’installait de cette situation inconnue et inconfortable de confrontation entre lui et moi, alors je me suis calmée, il s’est calmé, j’ai pu le mettre par terre et ensuite je me suis assise avec lui par terre et je lui ai redonné son os, pour lui reprendre doucement contre une friandise et le caresser partout le temps qu’il se calme et qu’il mange son os. Il a mis du temps mais on a réussi… Mon mari, quand il m’a entendu crier parce qu’il m’avait « attrapée », est venu tout vite, (« attend moi je vais te montrer qui est le plus fort »), je l’ai stoppé tout de suite ! Méthode douce nécessaire dans ce cas là… j’ai aussi éloigné Flamme pour qu’on règle ca entre Inox et moi… c’était la première fois qu’il avait ce genre de réaction et depuis, plus aucun souci, s’il est en train de profiter d’une friandise et que je veux le faire bouger, il me suffit de l’appeler doucement et il réagit correctement…
    Il faut savoir se remettre en question, en douceur, dans le respect de l’animal qui est en face de vous, je sais que d’autres situations d’incompréhensions arriveront encore et encore, il faut être prêt…

    Le 4ème point sur l’école du chiot permet de compléter ce que l’on peut apporter à notre Saarloos principalement en le mettant au contact d’autres chiots que nous n’avons pas toujours « sous la main » pour le faire nous même.
    Par contre je mettrais un bémol sur les réactions des gens (moniteurs ou spectateurs) quant à l’apprentissage particulier de nos chiots… beaucoup ne comprennent pas notre race et il faut savoir leur expliquer qu’il ne faut pas trop « forcer » le chiot dans ses retranchements… c’est déjà parfois difficile à doser soi-même alors le faire comprendre à quelqu’un d’autre…

    Voila pour ma contribution à ce post, il ne s’agit ici que de mon opinion et de mon expérience mais il me semblait intéressant de la partager avec vous,
    Bonne journée à tous !

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  4. Merci Manue pour ce témoignage éclairant, qui illustre parfaitement la théorie par la pratique...

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